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Pierre Emmanuel Taittinger se confie...

18/09/2018

Pierre Emmanuel Taittinger se confie...

Pierre-Emmanuel Taittinger dirige la grande maison de champagne éponyme avec sa fille Vitalie et son fils Clovis. Rencontre avec un grand monsieur de l’art de vivre à la française qui a défendu bec et ongles l’entreprise familiale et son histoire
 
Comment définiriez-vous le style Taittinger ? 
 
Il est étroitement lié au Chardonnay pour lequel nous avons beaucoup de tendresse. Elégance finesse un brin de féminité c’est ça le style Taittinger. 
 
Quelles sont les valeurs ? 
 
Nos valeurs trouvent naturellement et historiquement leurs racines dans le Chardonnay et l’Abbaye de Saint-Nicaise où sont encore les caves de la Maison Taittinger. C’est Thibaud IV, membre de la famille des Comtes de Champagne, qui revient des Croisades avec l’ancêtre du plan de Chardonnay. Nous sommes attachés à l’Histoire, à La Famille et au Respect de l’Homme et de la Nature. 
 
Quelle est la production annuelle ? 
 
Notre capacité de production se situe entre 5 et 6 millions de bouteilles par an en fonction des récoltes et ce ne sera jamais plus car nous souhaitons conserver la constance. Un Client qui aime Taittinger trouvera la même qualité que ce soit à l’Impérial Palace ou à Hong Kong. Si je considère qu’un ami du champagne Taittinger boit 6 bouteilles par an, mon rôle est de trouver dans un monde de 7 milliards d’habitants, 1 million d’amis. (sourire) Et nous sommes très fiers d’être la première famille éponyme en termes de vente. 
 
Quels sont les plus gros marchés ? 
 
La France demeure le1er marché pour tous les champenois. Ensuite viennent la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Japon et les grands pays d’Europe mais le reste du monde se développe également. J’ai un principe, je veux que nous soyons partout chez les gens qui savent ce que c’est la qualité.
 
Quelle étape préférez dans la fabrication du Champagne ? 
 
Tout m’intéresse ! De la culture du vin à la vente qui me fascine. Quand j’ai démarré en Haute-Savoie … J’étais un gamin qui ne savait rien faire, il y avait un excellent jeune vendeur qui proposait un très mauvais champagne et je me suis rendu compte qu’un très bon vendeur pouvait vendre du mauvais champagne mais qu’un mauvais vendeur ne pouvait pas vendre un excellent champagne… 
 
À quel moment savez-vous que ça va être une bonne année ? 
 
On le sait un peu aux vendanges. Pour faire une très grande année il faut vendanger des raisins très sains et très mûrs, c’est à dire qu’on les a cueillis à la dernière seconde. 
 
Et que dit 2017 ?
 
 2017 a été jusqu’au 30 juillet phénoménale et puis en août, beaucoup de chaleur et d’humidité ont favorisé le développement de botrytis (pourriture). Nous avons dû trier mais ce que nous avons récolté était de très bonne qualité. Nous aurons un très bon brut sans année (BSA), mais est ce que l’on fera un millésimé et un Comte de Champagne, ça je ne peux pas encore le dire. (NDLR : novembre 2017). Les analyses de décembre nous permettront de le savoir. 
 
Quelle est la meilleure bouteille que vous ayez bue ? 
 
Question difficile, j’ai bu beaucoup de très bonnes bouteilles, mais les meilleures sont toujours liées à un contexte. A chaque fois que je suis avec des personnes que j’aime, les bouteilles me paraissent très bonnes. Mais si je dois n’en retenir qu’une c’est celle que j’ai partagé chez Pierre Gagnaire à Paris lors du rachat du Champagne Taittinger alors que le Groupe Taittinger (Le Crillon, Le Martinez, Cristallerie Baccarat…) avait été vendu l’année précédente à l’américain Starwood. Je l’ai acheté aux enchères, on y croyait pas, nous avions lutté contre 40 candidats de taille mondiale pour racheter notre maison dans laquelle je travaillais depuis 30 ans. Il est vrai que ce verre de Comte de Champagne avait une saveur toute particulière. 
 
Vous êtes très impliqué dans la vie locale n’est-ce pas ? 
 
Oui, c’est pour moi primordial. On ne peut bien s’occuper de son métier que si l’on s’intéresse à l’étage supérieur. Je fais du Champagne mais aussi je dois m’intéresser à la région. Celui qui se restreint uniquement à faire son métier manque quelque chose qui sera utile à l’épanouissement de ses produits et de lui-même. Je pense que c’est important d’accorder 10 à 15 % de son temps à autre chose. Nous avons tous une deuxième qualité, nous devons cultiver une deuxième façon de servir en quelque sorte. 
 
Le prix international culinaire Taittinger ? 
 
Il a été créé par mon oncle Claude, on le maintient envers et contre tout même si cela est très onéreux pour nous, parce que c’est un prix remarquable de connaisseurs.Tous les Chefs du Monde disent de Taittinger que c’est impeccable. C’est un prix très difficile mais très probe, Taittinger n’intervient pas dans le jugement. C’est l’équivalent d’un Meilleur Ouvrier de France. Il n’est pas connu du grand public mais il est connu des spécialistes. 
 
Avez-vous jamais imaginé faire autre chose que vos ascendants ?
 
 Oui mais j’ai toujours fait les choses par devoir. Je suis un homme fantaisiste par ma mère artiste mais de devoir par mon père. J’ai le sens du devoir et Taittinger était pour moi un devoir. On ne peut pas laisser partir un nom comme ça.
 
 Vous souvenez vous du jour ou vous avez gouté du Champagne pour la première fois ? 
 
Goûter je ne sais plus mais quand je l’ai apprécié très précisément ! Lorsque je retournais au pensionnat le dimanche avec mes copains dont Thierry membre de la famille Perrier-Jouët. C’était mes premières émotions de bulles car à la maison, nous en buvions peu, mon père était surtout impliqué en politique. 
 
Que faites-vous pendant votre temps libre ?
 
 Je rêve, je suis un grand rêveur j’aime beaucoup rêver. J’aime aussi lire et regarder les jolies femmes, ça c’est un vrai bonheur. Et si je fais un peu de dépression je regarde la télé (rires) 
 
Quel effet ça vous fait de vieillir ? 
 
Je crois que la mort est une très belle chose et qu’il faut bien la préparer. Je n’aurais pas pensé à ça il y a deux ou trois ans mais je trouve que la nature est bien faite. J’ai toujours pensé à la mort, tous les jours. Il paraît que tous les gens qui pensent à la mort souvent sont les plus joyeux. 
 
Quelle question aimeriez-vous que je vous pose ? 
 
Quelle est mon actrice favorite : Cécile de France.
 
LES DATES CLEFS 
 
1932 Pierre Taittinger acquiert la maison de Champagne « Forest & Fourneaux ». 
 
De 1945 à 2005 Ces fils reprennent l’affaire et la gère jusqu’en 2005. 
 
2005 Tous les membres de la famille actionnaires du groupe cèdent leur part au fond de pension américain Starwood. 
 
2006 Pierre-Emmanuel Taittinger rachète l’affaire avec l’aide de la Caisse Régional du Nord-est du Crédit Agricole. 
 
Aujourd’hui A 64 ans, Pierre Emmanuel est encore très actif dans la société en compagnie de son fils Clovis et de sa fille Vitalie.